À Trébeurden, sur la côte de granit rose, un nouveau bistrot vient secouer les embruns : Le Plongeoir. Cette adresse en bord de plage, posée face à l’infini bleu de la Manche, est bien plus qu’un spot à coucher de soleil : c’est une maison de cuisine à l’identité affirmée, où l’on vient autant pour le panorama que pour l’assiette. Aux commandes : le chef Anthony Avoine, bien connu pour sa table gastronomique Le Manoir de Lan Kerellec, et Clément Masquelet, son complice de brigade devenu chef de ce bistrot marin. Ensemble, ils signent une carte simple, locale, et solidement exécutée.
Le lieu en impose d’emblée. Sur deux étages, Le Plongeoir offre une vue imprenable sur la mer, avec une grande terrasse au rez-de-chaussée, une salle couverte ambiance bord de mer — chaises en osier, bois blanc, coussins rayés qui rappellent les cabines de plage — et à l’étage, une salle plus intime avec une panoramique saisissante sur l’océan. Une déco apaisante, un cadre chic sans ostentation, et le bruit des vagues en fond sonore : tout est réuni pour déconnecter.
Mais si l’on s’attarde, c’est bien pour ce qu’il y a dans l’assiette. Le Plongeoir revendique son esprit bistrot, mais avec cette précision qu’on reconnaît immédiatement aux maisons bien tenues. Ici, les classiques ont du relief, les cuissons sont nettes, les assaisonnements francs.
À l’apéro, on partage volontiers quelques huîtres ou une petite friture de poisson, croustillante et iodée à souhait. En entrée, les escargots du Trégor se noient dans un beurre persillé très parfumé, tandis que les asperges blanches flirtent avec une sauce mousseline légère et bien montée. Mais le véritable coup de cœur du déjeuner, c’est ce ceviche de thon : des morceaux généreux de poisson cru, délicatement marinés, relevés d’un trait de curry et d’un déluge de coriandre fraîche — un plat vif, solaire, parfaitement balancé entre fraîcheur et caractère.
En plat, les amateurs de viande trouveront leur bonheur avec une pièce de bœuf, accompagnée de frites maison, mais c’est du côté de la mer que le bistrot révèle toute sa gourmandise. La daurade entière au grill, servie simplement avec quelques légumes et une sauce chimichurri aux herbes vives, évoque immédiatement les soirées d’été à la plancha. La cuisson est juste, la peau croustille, la chair est moelleuse : un plat qui parle aux souvenirs autant qu’aux papilles.
Pour finir, le dessert reste dans le ton de la maison : gourmand mais pas lourd, classique sans ennui. Le baba au vieux rhum et le riz au lait crémeux jouent la carte de la tradition, mais c’est encore une fois la fraîcheur qui l’emporte avec une pavlova fraise et citron vert, croustillante, aérienne et pleine de peps.
Une adresse qui va vite devenir un repère
En créant Le Plongeoir, Anthony Avoine et son associée Pauline Daubé (également directrice du Manoir de Lan Kerellec) ne cherchent pas à faire un double de leur maison gastronomique : ils explorent ici une forme plus décontractée de la cuisine, sans rien lâcher sur la qualité du produit ni le soin du détail. C’est une table pensée pour vivre la mer autant que la déguster, ouverte aux amis, aux familles (le bistrot propose un menu enfant), aux habitués du coin comme aux promeneurs tombés sous le charme du lieu.
On y vient pour la vue, pour les assiettes, pour l’ambiance qui mêle élégance et naturel. Mais surtout, on y revient pour ce sentiment rare d’une adresse juste, ancrée, bien dans son époque. Une nouvelle vague, mais qui a de solides racines dans le sable breton.
Où ? Le Plongeoir, 42 rue de Trozoul, 22560 Trébeurden
Prix : Addition autour de 40 euros par personne : menu enfant à 15 euros
Crédit photos : Mathilde Bourge
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